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17 juin 2010

L'Absente



Deux heures du matin. Tu as les yeux rivés sur les symboles rouges projetés au plafond, et tu attends. Tu les vois s'animer de temps à autres, sans vraiment les remarquer n'est-ce pas ? Ça bouge.
" Ça a bougé !
- Je sais"
Quelque chose a bougé, au plafond, mais tu ne peux dire quoi, ni où exactement. Tu t'en moques. Il n'est pas encore temps, tu n'as pas encore trouvé. Mais que vas-tu trouver cette fois ? Cherches-tu seulement quelque chose pour adopter telle attitude ?
Recroquevillée sur tes pensées comme un fœtus l'est sur lui-même, tu sembles en pleine introspection, ou méditer, ou attendre quelque chose. Ce qui est sûr, c'est que tu n'es plus vraiment là. L'Absente. Voilà qui tu seras à partir de maintenant, mais tu ne le sais pas, pas encore.

Ce doit bien faire 3 heures que tu es là, allongée sur ce lit, tranquille et immobile. Ton regard déterminé toujours fixé sur le plafond, au même endroit. Soutenir du regard : jamais de tels mots n'avaient eu autant de sens : tu le soutiens, maintiens le plafond au-dessus de toi par ce regard. En cet instant, c'est le monde entier qui tient et à pend à ton regard peut-être justement, parce que tu ne vois rien, parce qu'il n'existe plus le monde pour toi.
Tes muscles se tendent à mesure que le temps s'écoule. Il devient pesant, lourd, ce temps. Aucun carillon, aucune horloge, aucun balancier présent pour le marquer d'une empreinte sonore dans l'air. Alors il se fait sentir. Il résonne et vibre dans ta tête. Le temps qui passe, on le sent, on le ressent, on le pressent. Il s'incarne dans ce battement incessant sur ta tempe. Tout ta conscience est dorénavant dirigée sur ce battement. Ça cogne.
"Ça a cogné.
- Je sais"

Quelque chose cogne, dans ma tête.Doucement, j'ai l'impression de sortir de ma léthargie. J'ai été absente je crois. Je reviens vite à moi, rappelée à cette triste réalité par une vive douleur dans mon estomac qui se met à crier. Je me recroqueville comme un fœtus et souffre tellement que la mort me semble proche. Je crois entr'apercevoir sa froideur dans mes tripes tétanisées. On peut mourir comme ca ? À 20 ans ? Tout ce désespoir et cette solitude prendrait fin au moins. Comme me l'a dit un ami "On naît seul, on vit seul, on meurt seul." Et... Je suis seule...
Les chiffres sur le plafond sont d'un rouge qui me rappellent le sang et me mettent pour la première fois mal à l'aise. Ils se dandinent comme s'ils jouaient à un deux trois soleil. Ça bouge. Ça bouge plus. Le temps de les regarder et ils ne bougent plus. Et c'est long quand ça bouge plus. J'ai l'impression de me battre avec eux pour les faire bouger. Une fois de plus. Non, je ne mourrai pas.

Je me relève un court instant et je jette un œil par la fenêtre. Petit à petit, les lumières de la ville se sont éteintes, et l'on n'arrive maintenant qu'à peine à discerner les formes à travers cette petite fenêtre qui surplombe mon lit. Me recouchant, je me sens pourtant comme apaisée
" …
- Je sais.
- Mais, je n'ai encore rien dit.
- Tu allais dire qu'il faudrait que je me couche. Je te réponds qu'il faut que tu écoutes. Écoute !
- Je ne suis pas sûr tu sais, avec le bruit de la rue qui me perturbe. Je ne suis même pas sûr de ce que tu attends. Si tu penses à c eque je pense, tu m'as menti tu av...
- Chuuuuuut ! Écoute" murmurai-je...

De la lumière sortit de cette meurtrière donnant sur la petite cour. On pouvait de nouveau distinguer le balcon des voisins, et tu te rappelais alors "ces quartiers italiens  dont il t'avait tant parlé. Tu rêvais de les voir, un jour. En attendant, cette lumière t'intriguait et tu semblais avoir de moins en moins d'influence sur ce quartz. Du bruit se fit entendre dans les escaliers, puis à la porte. Déjà debout, tu attendais. A peine entendit-on frapper que tu entrebâillais cette porte en demandant, spontanément et avec détermination :
"Avec qui as-tu couché ?"

2 commentaires:

  1. J'voulais laisser un commentaire spirituel... mais j'vais me contenter d'un caprice : JE VEUX LA SUITE !

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  2. elle est écrite...
    Me reste à trouver le courage d'assumer mon ambition et de m'affirmer... pas évident :)

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